Pics d’angoisse, périodes d’anxiété… Le stress fait partie de notre quotidien. Et il entretient des liens étroits avec notre assiette ! Le tour de la question avec Jean-Michel Lecerf, nutritionniste, pour comprendre nos réactions, nos attirances et mettre en place une stratégie efficace pour lutter contre les tensions !
Quand manger chasse le stress !
La réaction la plus courante face au stress est de manger davantage. C’est d’ailleurs la stratégie adoptée par 60 % de la population. En mangeant, les angoisses se calment et les problèmes sont évacués, du moins momentanément. La nourriture, il ne faut pas l’oublier, est le premier lien affectif qui unit l’enfant à sa mère : c’est à travers le sein ou le biberon qu’il découvre le plaisir lié à la satisfaction du besoin. Une « révélation » qui peut perdurer à l’âge adulte ! D’autant que récompenser ou consoler un enfant en lui offrant un bonbon est un acte profondément ancré dans nos civilisations.
Manger pour se calmer est une réaction « naturelle », elle devient pathologique quand on ne peut pas résoudre ses problèmes et ses angoisses avec un moyen autre que la nourriture.
Le chocolat contient notamment deux substances, la phényléthylamine et la tyramine, proches des amphétamines. Quand ces composés agissent sur l’organisme, on les retrouve dans les urines. Or diverses expériences ont prouvé qu’après avoir mangé 2 tablettes de chocolat (200 g), on ne détectait aucune trace de ces substances. Autre fait troublant, les saucisses ou les tomates par exemple contiennent davantage de phényléthylamine or aucun de ces deux aliments ne produit les mêmes effets que le chocolat… Les scientifiques se sont intéressés également à des dérivés d’acides gras contenus dans le chocolat et qui aurait des propriétés similaires au cannabis. Mais là encore ces substances sont présentes en infimes quantités.
Du sucre contre l’anxiété ?
Les aliments riches en glucides, autres que le chocolat, sont également davantage consommés en cas de stress. Une hypothèse séduisante mais aujourd’hui contestée a été avancée. Les glucides, en augmentant la quantité d’insuline dans le sang, permettent de sécréter du tryptophane, un acide aminé qui est transformé en sérotonine. Or ce neuromédiateur est impliqué dans la lutte contre la dépression et l’anxiété. Mais cette réaction en chaîne nécessite plusieurs heures, alors que le bénéfice apporté par ces aliments est immédiat…
Pas d’aliments réellement anti-stress…
Aucune substance, aucun nutriment ne semble en fait à lui seul expliquer les effets anti-stress de tel ou tel aliment. Par contre une chose est sûre : le plaisir que l’on prend à consommer un aliment que l’on aime provoque une sécrétion d’opiacés endogènes, qui se traduit par une sensation de bien-être et une certaine euphorie. Or les goûts alimentaires de chacun sont variés : nous avons tous nos aliments anti-stress ! Certes, les mets gras ou sucrés ont la faveur de beaucoup. C’est certainement lié au fait que le goût pour le sucré est quasi inné et que les graisses offrent aux aliments onctuosité et saveur. Un mélange auquel il est parfois dur de résister.
La difficulté consiste alors à limiter les quantités : face au stress, le besoin de compensation et les pulsions seront plus fortes que la raison !